L'influence de l'église dans la région d'Auzat-Vicdessos sur la période du XVIe-XVIIIe Siècle


  • 2) L'influence de l'église dans la région d'Auzat-Vicdessos sous l'ancien régime.
    Le XVIe siècle fut une période de crise pour l'église qui était représentée par un clergé qui était plus en quête d'honneurs et d'avantages matériels que de spiritualité alors que le peuple en éprouvait le besoin. Le pape perdait de son prestige d'autant que la pression fiscale pontificale qu'imposaient des besoins somptuaires, devenait de plus en plus impopulaire.

    Les doctrines Luthériennes et Calvinistes eurent de plus en plus d'échos en France chez un certain nombre d'érudits qui éprouvaient à ce moment la nécessité d'une réforme de l'église.

    La Réforme se répandit en tout premier lieu dans les classes qui pouvaient avoir accès à la culture c'est à dire le clergé et la bourgeoisie urbaine et se propagea dans le petit peuple de commerçants et d'artisans. La noblesse qui par habitude de réflexions philosophiques ou par opportunisme d'aventure ou l'attrait de biens d'église adhéra au mouvement de la Réforme. Certains membres des familles de Rabat et Miglos s'engagèrent derrière Marguerite de Navarre qui fut personnellement très active dans la région de Foix. Les communautés montagneuses, traditionnellement catholiques, ne furent touchées.

  1. Les guerres de religion :
    De 1562 à 1566, les provocations entre protestants et catholiques entrainèrent des violences meurtrières de part et d'autre.

    De 1567 à 1570, les guerres civiles se déchaînèrent dans tout le pays de Foix. En septembre 1568, le réformé Jean Claude de Lévis d'Audou et ses bandoliers, s'emparèrent par traîtrise de Tarascon et de son château et massacrèrent les catholiques. Le curé martyr Baron, ayant refusé d'abjurer sa foi, fut précipité dans l'Ariège du haut du rocher du château. Les troupes réformées s'avancèrent jusqu'à Vicdessos où elles furent repoussées par une armée de paysans qui leur infligea de lourdes pertes et les empêcha de se refaire à Siguer. En juin 1569, les habitants de Vicdessos, Siguer, Miglos, et Niaux parvinrent à reprendre Tarascon sous la conduite de Traversier de Mongascon.

    La paix de Saint Germain vint en 1570 apaiser les esprits, mais l'incendie se ralluma en août 1572 avec le massacre de la Saint Barthélémy.

    A partir de 1580, les violences se renouvelèrent après la nomination par Henri de Navarre du gouverneur protestant de Brénieu qui avait mis à mal les édifices religieux catholiques. L'implantation protestante dans le pays atteignit son apogée en 1584.

    Devenu héritier du trône de France en 1584, Henri de Navarre fit une concession aux protestants de son comté en nommant sénéchal et gouverneur Jean Claude d'Audou qui était chef protestant et d'une fidélité à toute épreuve envers son roi.

    Après l'avènement d'Henri IV, d'Audou se transforma en un excellent pacificateur et tint la région de Foix à l'abri des guerres de Ligue avant de mourir en 1598 dans son château de Bélesta, l'année où l'édit de Nantes vint réglementer l'exercice du culte dans le royaume.

    Le bilan de ces guerres était désastreux. Les lieux de culte avaient souffert et les gens du culte en fuite étaient privés de revenus. Les paysans et citadins avaient souffert des ravages et des charges liées à la guerre. Aux ruines matérielles du conflit, s'ajoute l'habitude prise des désordres, des abus de pouvoir, de l'ignorance des décisions de l'autorité publique, des brigandages qui n'avaient plus rien avoir avec les passions religieuses.

    Pendant la régence de Marie de Médicis, temps de faiblesse du pouvoir, les protestants reprirent les armes sous la conduite du Duc de Rohan. Les communautés de haute Ariège se mirent en alerte, mais même si elles ont été relativement à l'écart des combats, elles avaient dû déployer un tel effort de défense et d'aide aux armées qu'elles furent endettées pour des décennies.

    L'église réformée de Foix et de Tarascon avait disparu au cours des troubles. La Haute Ariège ne connaîtra plus du protestantisme que les persécutés de la révocation de l'Edit de Nantes de 1685. En effet pour empêcher d'éventuelles fuites hors du royaume, le gouverneur faisait garder en mars 1686 les cols jour et nuit par les habitants de Tarascon, Vicdesos et Siguer.
  2. Les hommes d'église :
  1. Les fortes personnalités des évêques de la région marquèrent la vie religieuse.

    • Henri de Sponde (1626 - 1643) réorganisa la vie religieuse dans le haut pays en visitant scrupuleusement ses paroisses qui n'avaient pas vu d'évêque depuis longtemps.
    • François Etienne de Caulet (1644 - 1680), d'inspiration janséniste, réforma avec rigueur le chapitre et les maisons religieuses, s'appesantit sur le clergé paroissial en le formant après avoir créé la maison de Sabart, sanctionna les manquements et traqua les entorses aux lois de l'église chez les fidèles. Il s'opposa violemment à Louis XIV avec Nicolas Pavillon sur l'affaire de la Régale qui est droit qu'avaient les rois de France de toucher les revenus des évêchés vacants et d'y faire les nominations ecclésiastiques selon leur bon vouloir.
    • Jean- Baptiste de Verthamon (1673-1735) ouvertement janséniste, poursuivit l'action de Caulet en tout point.
    • Ces trois prélats utilisèrent au mieux les moyens à leur disposition : les visites pastorales les rapprochant de leurs fidèles, qui avaient tant manqué de cette présence, tout en permettant le contrôle des édifices religieux.

      Le clergé paroissial assez nombreux était assez mal réparti (268 prêtres en 1559). Leur représentation était insuffisante dans les villages de montagne.

      Le revenu des curés provenait de la dîme (environ 1/10e des produits de la terre.

      Il leur fut rappelé les convenances de bonne tenue : interdiction de porter des habits laïques, d'avoir de long cheveux, de porter perruque.

      Certains curés marquèrent par leurs attitudes : Un prêtre de Tarascon était parti vivre chez une fille de Cazenave avec qui il eu des enfants ; A Vicdessos, il y eu un curé qui participait aux danses de noces, jurant et blasphémant, fréquentant le cabaret, chantant des chansons grivoises. Orus eut un curé ivrogne et chef de bande.

  2. La reprise en main de l'église :

    Lors des guerres de religion, les édifices religieux avaient fortement souffert. L'abbatiale Saint Volusien de Foix fut par exemple reconstruite au XVIIe siècle.

    L'implantation monastique en Haute Ariège n'était qu'affaire de revenus. L'abbaye Saint Sernin de Toulouse détenait cures et biens autour de ses Prieurés de la vallée de Vicdessos et de Miglos et le commandeur de Gabre-Capoulet la cure de Niaux. La commanderie de Capoulet rattachée en 1470 à celle de Gabre ne gérait plus qu'une métairie pour le compte de l'Ordre de Malte. Elle fut démembrée par l'évêque Caulet qui sanctionna le commandeur François-Timoléon de Montaut-Labat (1680-1703) qui y résida en gentilhomme fermier plus qu'en homme d'église et entretenait une femme avec qui, il avait cinq ou six enfants.

    Sous l'impulsion de la contre réforme, le XVIIe siècle vit l'implantation d'ordres religieux. Certaines tentatives échouèrent. Henri de Sponde échoua dans une tentative d'implantation du couvent de Minimes à Tarascon en (1625-1635) faute de moyens suffisants.

    Caulet aida sa sœur Catherine, baronne de Lavelanet, à fonder la Société des Régentes constituée de jeunes filles ou veuves vouées à l'enseignement des filles du peuple. Elles ne prononçaient pas de vœux mais devaient obéir à la supérieure de leur maison mère et au curé de la paroisse dans laquelle elles menaient une vie édifiante et pieuse. Il y en a eu à Tarascon et à Niaux. A la mort de Caulet, elle s'exilèrent à Mirepoix, d'où leur nom de "Mirepoises". Verthamon les installa par la suite à Vicdessos.

    Caulet eut à cœur d'établir à aux porte de Tarascon à Sabart, un asile pour accueillir les prêtres âgés et malades. Il y installa aussi une communauté de prêtres enseignants, embryon de séminaire et les religieux de Chancelade auxquels s'opposait la population des faubourgs de Tarascon. Même si elle ne fut pas le creuset d'un nouveau clergé comme l'aurait souhaité Caulet, la maison de Sabart fut le lieu de la retraite spirituelle qu'il proposait à ses prêtres.

    Les manquements de la population aux lois de l'église et de ses préceptes révélaient plus un appétit de profiter des joies de la vie que de l'impiété. Les véritables atteintes aux symboles et rites religieux étaient marginaux.

    Les églises étaient nombreuses en Haute Ariège. En milieu rural, presque tous les villages possédaient leur église paroissiale ou annexe. A coté de l'ancienne église Saint-Michel, Tarascon avait deux paroisses : Notre Dame de la Daurade et Notre Dame de Sabart.
    Même si au moment des guerres de religion, les lieu de culte de la Haute Ariège n'ont pas trop souffert de destructions, l'évêque Sponde stimula l'entretien des édifices qui étaient restés en mauvais état. Il encouragea le renouveau de la décoration intérieure en conformité aux décrets du Concile de Trente qui interdisait les représentation impures ou provocantes.

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