La situation politique et les activités humaines dans la région d'Auzat-Vicdessos durant la période de 1810 à 1848


  • 1) Le contexte politique de la région d'Auzat-Vicdessos entre 1810 et 1848
    • L'année 1810 marque l'apogée de l'empire. Le désastre de la campagne de Russie conduit à la chute de Napoléon. Lorsque Louis XVIII monte sur le trône en juillet 1815, la monarchie s'appuie sur les vieilles familles ariègeoises, les grands propriétaires et maîtres de forges. La nouvelle loi électorale censitaire permet d'être électeur en acquittant un droit de cens de trois cents francs et l'éligibilité n'est accessible qu'en versant mille francs de cens. C'étaient des sommes considérables pour l'époque en Ariège qui était un département pauvre parmi les pauvres. Le canton de Vicdessos comptait cinq électeurs, tous maître de forge : François Louis Rousse à Siguer et les quatre autres à Vicdessos : Tournier et la famille Vergnies Bouischères. Ainsi le débat politique confisqué, laisse peu de place à l'opposition qui est représenté par Adolphe Garrigou, Clément Anglade et le général Justin Laffitte, héros des campagnes napoléoniennes.
    • Dans le monde rural, les conditions de vie et de travail sont plus dures que jamais. Le régime féodal et les privilèges ont certes été abolis mais depuis, le Riche a remplacé le Noble. Les droits d'usage multiséculaires sont jugés incompatibles par les grands propriétaires et les maîtres de forge attirés par le gain facile. Le montagnard lui, doit survivre sur des terres ingrates et morcelées à l'extrême. La pression démographique pousse à posséder la forêt qui est la seule source de revenu.

      Or, l'équilibre sylvo-agro-pastoral précaire est rompu à la Restauration par les propriétaires acquéreurs de biens nationaux. Ils décidèrent de réduire au maximum les droits d'usage pour mieux rentabiliser la forêt en fabriquant du charbon de bois qu'engloutissent les forges ou en louant à des troupeaux étrangers.

      De plus, l'état promulgue en 1829 la loi du 21 mai 1827 sous le nom de Code Forestier. Plusieurs articles de cette loi mettent le feu aux poudres. L'article 120 affirme que "seule l'administration forestière fixe tous les ans le nombre de bestiaux admis au pâturage dans les forêts, les chemins à suivre par les troupeaux et délivre du bois aux usagers pour des constructions neuves sur justification des besoins et présentation des devis dressés par les gens de l'art". L'article 75 exige une clochette et une marque spéciale pour chaque tête de bétail. Cette exigence constituait une dépense ruineuse pour les montagnards. L'article 78 "fait défense absolue de conduire les chèvres, brebis ou moutons dans les forêts".
      C'est une situation que les paysans ne peuvent supporter et se mettent à regretter la période seigneuriale.

      Masquées et déguisées en femmes pour se soustraire aux recherches des autorités, les "Demoiselles" se soulèvent en 1829. Le 22 février 1830, un arrêté préfectoral caractérise les insurgés de "Demoiselles" tout individu masqué, le visage barbouillé, une arme quelconque à la main, une chemise par dessus ses vêtements ou revêtu d'un déguisement quel qu'il soit." Elles formaient des groupes de jeunes gens d'une vingtaine de personnes et même jusqu'à deux cents, armés de faux, de haches, de fusils et de bâtons avec à leur tête un chef garant d'une organisation de type militaire. S'il est mal aisé de reconnaître une stratégie d'ensemble des "Demoiselles" dans leurs actions, on est frappé, en revanche, par l'habileté de la tactique, notamment par la mobilité des bandes, par l'utilisation remarquable du terrain, par le refus d'affronter le gros des troupes de répression, et par le harcèlement de quelques individus clefs. Elles s'en prenaient aux propriétaires forestiers, aux charbonniers qui les privaient des ressources de la forêt et aux agents forestiers qui étaient chargés de faire respecter avec zèle le Code Forestier. Le château de Miglos sera pillé par les "Demoiselles". Les autorités locales et les montagnards, se sentant dépossédés de la forêt qu'ils considéraient comme leur propriété depuis des années, soutenaient les actions des "Demoiselles". La misère et la remise en cause des droits séculaires, l'intransigeance des propriétaires et de l'administration sont donc responsables de ce mouvement de révolte. Son ampleur témoigne aussi de l'incapacité du pouvoir central à juguler les révoltes. Les renforts de troupes se révélèrent inopérantes compte tenu de leurs difficultés à se déplacer sur des terrains accidentés et mal connus. En s'amplifiant, cette lutte marque un flottement politique en Ariège au moment des événements révolutionnaires de juillet 1830. La 5 août 1830, le préfet Mortarieu remet ses pouvoirs à une commission qui doit veiller à assurer l'ordre. Le général Laffitte est nommé commandant de la force armée et doit répondre à la révolte des "Demoiselles" qui embrase la montagne.
      Les mineurs du Rancié s'insurgent eux aussi. En août 1830, ils chassent les préposés chargés de recevoir les droits sur les minerais. En janvier 1831, il y a grève avec fracture des portes des galeries à coup de haches et on détruit les poids et balances.
      Le général Laffitte qui fut un homme de conciliation rétablira la situation sans user des armes en prônant un assouplissement du Code Forestier. Il sera élu à la députation en 1831 grâce sa capacité à écouter ses compatriotes les plus démunis.
      La loi électorale d'avril 1831, qui prévoyait l'abaissement du cens à deux cents francs pour les électeurs et à cinq cents francs pour être éligible par un collège d'arrondissement, contribua également à calmer les esprits.

  • 2) La situation des activités agricoles dans la région d'Auzat-Vicdessos.
    1. L'agriculture

      Pendant la majeur partie du XIXe siècle, l'économie agricole ne connu pas de transformation importante. Il y eu quelques conquêtes de terre par les plus pauvres jusqu'au Second Empire. La montagne était exploitée au maximum. On cultivait la pomme de terre, le mais. Le froment prenait le pas sur les autres céréales. Les innovations étaient le fait des grands propriétaires regroupés depuis 1817 au sein de la société d'agriculture. Mais dans la vallée du Vicdessos, ils étaient plus intéressés par leurs bois et leurs forges que par les terres qu'ils laissaient aux métayers. On utilisait encore volontiers les outillages anciens tels que charrues en bois, faux, faucilles. On faisait le transport par le portage et le muletage. On pratiquait l'assolement biennal et l'entraide entre paysans. Les nouvelles techniques agricoles ont eu du mal à s'imposer dans la vallée du Vicdessos. On introduisit de nouvelles races bovines, mais l'usage de nouvelles charrues, d'engrais chimiques, de l'assolement triennal, de cultures fourragères et l'utilisation de la charrette ont été difficiles.

    2. L'élevage

      Les modes de vie pastoraux ne changèrent guère lors des transhumances. Durant l'estive, les bergers vivaient au milieu de leur troupeau dans des "Orris" construit dans les pâturages de la région du Vicdessos. On voit trois orthographes "Horry", Orry et Orri. Ce nom viendrait du latin "horreum" (grenier). Il pourrait aussi provenir du mot latin "hortus", signifiant jardin. En effet, l'Orri est toujours construit et situé au centre d'une jasse (latin : jacere, paître), où pacagent et couchent à la belle étoile et par tous les temps les troupeaux de brebis et de vaches, ainsi que les chevaux. Les "Orris" étaient mentionnés dans les chartes du moyen âge sous les termes "horréum", "orréum", "orrée". En occitan, le verbe "orriar" a pris le sens d'aller sur la montagne. Les "Orris" étaient construits en pierres sèches et coifés d'une voûte recouverte de mottes de gispet qui est une herbe qui assurait l'étanchéité. Ils avaient une envergure de deux mètres sur deux mètres cinquante à trois mètres et l'on pouvait à peine se tenir debout. Au fond, il y avait des mottes d'herbes, de mousses et de feuilles qui permettaient d'accueillir le sommeil du berger sans qu'il se déshabille pendant quatre à cinq mois. Le reste de l' "Orris" était occupé par le foyer, d'où montait une fumée qui s'échappait par la porte ou par les interstices entre les pierres. Le berger se nourrissait de pommes de terre, de lait. Le fromage était gardé et le beurre était descendu chaque jour par de jeunes bergères qui apportaient en échange des vivres. On fabriquait sur place le fromage de Bassiès ou le persillé d'Auzat.

    3. Les conséquences de l'abandon du droit d'usage de la montagne.

      Au lendemain de la révolution, les vacants et forêts étaient aux mains des anciennes familles ou des acquéreurs de biens nationaux ou faisaient partie du domaine de l'Etat. La forêt qui appartenait au Roi était gérée par les communautés.

      Les grands domaines privés furent exploités à outrance. La forêt était utilisée pour alimenter les forges en charbon de bois. Les vacants étaient affectés pour la location du bétail étranger. Les excès de l'exploitation de la forêt furent tels que l'on ne trouvait plus de bois de construction.

      Pour remédier à cette surexploitation, l'Etat promulgua le Code Forestier pour les surfaces domaniales provoquant l'hostilité des "Demoiselles" . On reprochait à ce code d'être responsable de la misère des montagnards parce qu'il empêchait le pacage source du fumier indispensable à l'agriculture et source de revenus. La forte densité de la population dans la région suscitait des conflits pastoraux qui conduisait certains à prendre les armes pour s'approprier l'usage de certaines pâtures.

  • 3) Les activités industrielles dans la région d'Auzat-Vicdessos.

    L'activité industrielle était subordonnée aux rythmes des travaux des champs. Avec le déclin de l'activité textile, ce sont les mines et les forges qui animaient la vallée. L'archaïsme des méthodes de travail était caractéristique.

    1. Jusqu'en 1862, les plâtrières d'Arignac, de Bedeilhac et Saurat n'étaient pas desservies par des routes. Elles occupaient environ 400 personnes, 20 moulins et quarante fours. Les hommes extrayaient les blocs avec des pinces de fer, des coins et pics puis les jetaient dans le ravin où ils se brisaient. Puis les morceaux étaient transportés par les femmes et les enfants à dos de mulets jusqu'aux moulins des villages ou jusqu'à la grande route.

       

    2. La mine du Rancié n'avait pas progressé dans ses modes d'exploitation au grand regret d'Aubuisson qui était ingénieur expert. En 1812, il voyait le Rancié comme "une immense masse d'éboulis au milieu duquel la nécessité de vivre porte 400 mineurs à ouvrir de petits chantiers où ils recherchent, brisent et extraient des blocs de minerai." Il n'y avait alors que deux galeries en activité sur les dix de 1760. Sous la Restauration, l'administration préfectorale prenait la suite des consuls en imposant sa réglementation. La vie de la mine fut prolongée d'un siècle grâce au contrôle technique des ingénieurs des mines du Rancié. 

      L'équipement du mineur était constitué d'une hotte sur le dos, d'une lampe à la bouche, d'une pioche sur l'épaule, d'un briquet, de l'amadou, du coton, une pierre, une petite corne remplie d'huile d'olive à la ceinture et dans un petit sac un morceau de pain. Le mineur du Rancié était membre d'une corporation de famille de mineurs où il y entrait par le mariage.

      Le mineur faisait des journées de sept heures en hiver et onze heures en été. Les pierriers ou piqueurs attaquaient la mine, les gourbatiers transportaient le minerai à raison de 90 à 100 Kg par voyage en se hissant sur une rampe de quatre cents à six cents mètres de long avec une pente à 80% , la lampe aux dents. Tous vivaient avec l'angoisse d'éboulement. Il y avait une moyenne de 61 accidents par an avec un ou deux morts et des dizaines d'handicapés à vie. La rudesse du milieu qui exposait le mineur très croyant à tous les dangers faisait que celui ci transmettait le récit dramatique de l'extrême onction lors des catastrophes. La messe des morts était célébrée dans la mine même, en présence de la corporation tout entière, mineurs et ingénieurs à genoux, quand un homme n'avait pu être dégagé de l'éboulement.

      Les mineurs du Rancié, très superstitieux vis à vis de la mort, étaient fortement attachés aux fêtes religieuses ou corporatives. Le lendemain de la disparition de mineurs, ils récitaient la prière des morts avant d'entrer dans la mine. On honorait Saint Roch, patron de mineurs, Saint Eloi, patron des muletiers, Saint Grégoire, Saint Jean-Baptiste et tous les Saints patrons des églises de la vallée. On supprima cinquante de ces fêtes en 1828 mais il en restait cinquante six sans compter les dimanches.

      Devant la mine, chaque famille possédait sa hutte de pierre sèche couverte de gazon (un Orry) et les gourbatiers y vendaient la pierre aux muletiers. Du haut de la montagne et vers la vallée, ils descendaient les bêtes chargées de leurs gros bâts, la tête ornée de plumets, glands et pompons de laine rouge, jaune et bleue, de tresses et broderies, de plaques à l'effigie des saints protecteurs. L'animal avait à la portée de sa bouche le mourral qui est un filet rempli de fourrage pour la route.

      Mineurs et muletiers, mal payés, peu défendus et imprévoyants, étaient hostiles à toutes modernités. Ils s'étaient opposés à l'installation d'un câble qui aurait ruiné le transport à bât. Cet équipement fut mis en place en 1896. Ils restaient à la merci d'onéreux intermédiaires, les magasiniers de Cabre et de Vicdessos, maîtres de forges, notables et propriétaires aisés qui imposaient le prix du transport. Ceux-ci s'opposaient aux innovations techniques contraires à leurs intérêts comme la construction d'un chemin ou la création d'un magasin général. La mine était tributaire de l'activité des forges.

       

    3. Les forges : Les forgeurs de 1848 appartenaient à un corps héréditaire très fermé qui laissait peu d'espoir à un étranger qui ne pouvait pas dépasser la condition de Valet. Vivant avec aisance, le maitre de forge était tout puissant sur ses ouvriers qu'il pouvait licencier sans avertissement ni compensation. A part Vergnies-Bouischères de Vicdessos, la plupart des maitres de forge étaient ignorants et peu disposés à faire progresser leur technologie. Leur savoir faire se transmettait de père en fils sur au moins quatre années d'apprentissage. Le garde forge, homme de confiance et le commis comptable surveillaient le fonctionnement de l'établissement. Il y avait quatre équipes, quatre ouvriers maîtres aidés de leurs valets :
      le Foyé était au service du feu et entretenait le creuset,

      le
      maillet travaillait le fer,
      les deux escolas conduisant le vent et le feu surveillaient le minerai en fusion ; ils étaient assistés de leurs pique-mines et des maillous qui portaient mine, charbon et fer.

      Le travail pénible durait 12 à 14 heures par jour, interrompu par quelques heures de repos dans le crambot constitué de quelques bottes de pailles, quelques couvertures de laine ou de capuces.

      On suffoquait dans une vapeur noirâtre puis on s'exposait aux courants d'air. Il y avait des risques d'explosion quand le gel bouchait les trous d'aspiration de la trompe. Ce dur labeur hautement qualifié était accompli par des forgeurs qui gagnaient 5,25 F par jour en 1848 alors que le mineur tirait 2 francs et le charretier 1 franc. Ils constituaient l'aristocratie ouvrière. Ils étaient bien nourris avec de la viande, du vin et du pain blanc qui était un signe d'aisance. Les jours de fête, ils sortaient de l'armoire le chapeau haut de forme et l'habit à la française.

      Les forges travaillaient sept à huit mois par an parce qu'en hiver elles gelaient, en été, elles manquaient d'eau et chroniquement elles manquaient de charbon. Les ouvriers étaient aussi des paysans qui faisaient une priorité aux travaux des champs pour nourrir leur famille.

      Le renouveau des forges s'amorça avec le fer du Rancié qui se prêtait très bien à la technique de cémentation des nouvelles aciéries. En 1815, Garrigou et Sans fondèrent des aciéries à cémentation notamment à Foix et Pamiers. Vers 1840, il y avait 18 fours à cémentation en Ariège. Souvent annexés à une forge, les martinets connaissaient leur plus grande activité avec la fabrication des outils. De quarante feux sous le Premier Empire, on atteignit soixante feux à la fin de la Monarchie de Juillet. Avec 7000 tonnes de fer par an, l'Ariège produisait 4% de la production nationale. La métallurgie catalane était à son apogée mais sa ruine était imminente.

  • 4) Les transports dans la région d'Auzat-Vicdessos

      Les pratiques ancestrales persistaient aussi dans ce domaine. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la charrette était méconnue pour le travail des champs. Bon nombre de petits propriétaires abandonnaient leur exploitation pour se louer avec leurs bêtes de bât aux côtés de voituriers de métier. Ils menaient de grandes voitures qui étaient constituées de trois mulets tandis que femmes et enfants de mineurs ou d'ouvriers des carrières se consacraient toute l'année à la conduite de petites voitures (un âne).

      Les charrieurs portaient jusqu'à 50Kg sur le cou, pieds nus sur des sentiers difficiles et pierreux, se contentant d'un mauvais pain et d'une soupe. L'absence de routes carrossables dans les régions de montagne ne favorisait pas l'usage d'autres moyens de transport terrestre.

      Les routes incertaines étaient souvent coupées par la rupture des ponts vétustes en bois ou emportés par les crues. Le pont de pierre de Tarascon prévu depuis 1777 fut terminé en 1831 après la crue de 1827 qui avait emporté le chantier. Le pont de Sabart fut emporté en l'an II et fut remplacé par un pont de pierre achevé en 1838.

      La maitrise du commerce et du transport des marchandises étaient entre les mains de gens non ariègeois. Le transport du fer était réalisé par des muletiers de proximité.

  • 5) Les conditions de vie précaire dans la région d'Auzat-Vicdessos
      Avec une conjoncture économique qui s'aggrave du fait de la croissance de la population, se nourrir devenait un souci majeur. La population était à la merci d'une mauvaise récolte. Les années de disette de 1817 et 1837 s'estompaient à peine que la maladie de la pomme de terre de 1845 conduisait la population à marauder pour survivre. Les pluies continuelles avaient détruit les deux tiers des récoltes et avait mis à mal les céréales. L'état sanitaire de la population était inquiétant en raison de la sous-alimentation alliée au manque d'hygiène de l'habitat. Les gens souffraient de maladies des os, de la typhoïde, du choléra.

      Face à la misère, la population agricole montagnarde trop nombreuse, trouvait son salut en exportant sa force de travail dans les plaines du Languedoc, du Roussillon et de l'Espagne. Cette main d'œuvre saisonnière ramenait quelques subsides à l'entrée de l'hiver pour faire vivre le reste de la famille lors de la mauvaise saison.

      La situation agricole alarmante se doublait d'une crise industrielle. Suite à une baisse du prix du fer, les forges à la Catalane amorcent leur déclin. Les grandes industries du Nord et de l'Est de la France signèrent l'arrêt de mort de la métallurgie ariègeoise en raison du développement des voies de communication. Ces difficultés poussèrent les ouvriers spécialisés des forges à partir en groupe de la Saint Jean à Noël vers l'Aude, le Béarn, la Catalogne ou l'Andorre. Il en était de même des mineurs du Rancié, des bucherons et charbonniers.

      Ils allaient pieds nus avec sur le dos 50 à 60 Kg de provisions et vêtements. Au retour, à l'entrée de l'hiver, ils pouvaient exposer leur vie aux brigands qui s'en prenait à leurs économies.
      Le colportage et les petits métiers contribuaient à la débrouillardise de gens qui vivaient difficilement. Sous le couvert de la religion, hommes et femmes allaient de ferme en ferme vendre des statuettes et plus tard de l'eau de Lourdes. Les femmes de la commune de Suc se spécialiseront dans cette activité en vendant des objets de piété, de la mercerie, des lunettes et des bijoux fantaisies.
      Les femmes de Vicdessos augmentaient les ressources du foyer par leur activité de nourrice.
      La détresse, la mendicité et les vols firent craindre des révoltes aux autorités. L'année 1846, apporta quelque répit, mais l'hiver rude de 1846-47 remit tout en cause. Poussés par la faim, de nombreux paysans quittèrent leur village pour glaner un peu de pain. On racontait que les loups affamés descendaient jusque dans les faubourgs de Vicdessos. Face à cette situation dramatique, les municipalités durent recourir à des expédients en instaurant des travaux d'intérêt général et des souscriptions.
      Les bonnes récoltes de 1847 ramenèrent un peu d'espoir et de calme dans les esprits.

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