L'église de Goulier

Le premier édifice à Goulier consacré à la célébration du culte chrétien fut construit probablement dans la deuxième moitié du XI e siècle sur l'initiative des moines de l'abbaye de Saint Sernin de Toulouse de qui dépendait le prieuré conventuel de Vicdessos dont le supérieur était premier chanoine de l'abbaye. A l'origine cette chapelle fort modeste est évoquée pour la première fois lors d'une transaction de 1238. D'autres textes anciens évoquent " la Chapelle Saint-Michel de Goulier " en 1246, où un inventaire des possessions de Saint Sernin cite à nouveau la Chapelle Saint Michel de Goulier et son pauvre mobilier : un autel garni, deux candélabres, un calice et des burettes d'étain. Un autre de 1321, lors de la déposition d'un témoin auprès du tribunal inquisitorial de Pamiers évoque l'autel de l'église Saint Michel de Goulier. A la fin du XIII e siècle la chapelle Saint Michel de Goulier fut promue église.

Eglise Saint-Michel de GoulierLa cloche placée dans l'embrasure droite de la face du clocher regardant le village date de 1607. Une visite épiscopale d'octobre 1636 précise que l'église est fort étroite. Au début du XVII e siècle la population n'ayant guère varié depuis le Bas Moyen Age ou ayant même peut être sensiblement diminué à cause des épidémies et des luttes religieuses, l'église Saint-Michel de Goulier était demeurée dans le même état que du temps qu'elle était chapelle. Elle se caractérisait par une nef unique terminée par une abside rectangulaire plus étroite qui témoigne de la période immédiatement antérieure à l'apparition du style Roman. La largeur de la nef n'excédait guère plus de 6 mètres pour une longueur totale du bâtiment de 17 à 18 mètres. Un clocher mur à deux embrasures de cloches de 3 mètres de façade environ devait être élevé, déporté à droite, au dessus du mur pignon Ouest. La trace de cette construction est encore visible à l'intérieur de la nef au dessus de la tribune des hommes. Cette partie de mur est en tout cas la plus ancienne de l'édifice.

L'accès par le petit cimetièreEn 1671, une nouvelle visite épiscopale trouve le toit en mauvais état et mentionne le deuxième autel dit "de la Chapelle ". Entre 1640 et 1670, l'église aurait été légèrement agrandie par un déplacement du mur nord d'environ 3 mètres pour permettre la réalisation de la première chapelle de la Vierge ou du Rosaire sur la face Sud. Les autres murs ont du être conservés car l'évêque avait ordonné que les figures peintes sur les murs soient effacées car mal réalisées. Il est probable que ces figures étaient des peintures à fresque analogues à celles conservées sous des enduits dans certaines églises pyrénéennes et heureusement restaurées depuis quelques années. Celles de l'église Saint Michel de Goulier ont-elles été immédiatement détruites après la visite épiscopale ou ont-elles disparues lors des importants remaniements de l'édifice au XIX e siècle ? Aucune réponse ne peut être apportée. En tout cas, il semble qu'aucune modification n'ait été apportée à la construction avant le début du XIX e siècle.
Au début du XIX e siècle, un relevé d'implantation réalisé en 1807 par deux géomètres témoigne de façon imparfaite la présence de l'église de Goulier. La nef et l'abside forme un rectangle avec la chapelle sur la face sud, le clocher accolé extérieurement au pignon ouest n'apparaît pas et le bâtiment est enceint par le cimetière.

La chapelle Saint RochLe plan cadastral de 1832, beaucoup plus précis, donne un aspect nouveau à l'église : nef allongée et élargie, présence sur la façade nord de la chapelle Saint Roch, l'abside a été agrandie et terminée en "cul de four", présence d'un clocher carré contre le pignon ouest. L'agrandissement de l'abside a été réalisé au dépend du cimetière qui n'entoure plus totalement l'édifice. La transformation de l'église a été le résultat de l'action du curé Léopold Lauge arrivé à Goulier en 1820 qui devait répondre à l'explosion démographique du village (800 habitants en 1820 et 1000 habitants en 1830) et l'accroissement de la ferveur religieuse. Dès 1821, une souscription ouverte auprès des paroissiens, rapporte rapidement près de 1300 francs. Les souscripteurs s'engagent également à fournir les pierres nécessaires et à couper et transporter les poutres et chevrons autorisés par l'administration forestière. Les travaux s'effectueront sur une dizaine d'années. En mai 1826, lors d'une délibération du conseil municipal, il est fait état de la reconstruction de la toiture et de la majeure partie des murs de l'église et du clocher qui aurait nécessité une dépense considérable malgré les prestations généreuses et volontaires des habitants. Un emprunt de 1500 francs a du être réalisé. Les nouvelles constructions et les décorations intérieures ont nécessité un complément d'investissement de 7000 à 8000 francs.
En mai 1829, une subvention de 250 francs du ministère des affaires ecclésiastiques qui constituait une faible participation de l'état permettait de clôturer cette longue tranche de travaux.
Le nouveaux clocher a une vingtaine de mètres de hauteur. Il est doté de deux nouvelles cloches en 1834 et en 1839. Il est a peu près certain que le clocher pignon antérieur possédait deux cloches : celle de 1607 et une autre probablement enlevée et disparue durant la révolution. En comparant le plan de 1807 et le plan cadastral de 1832-34, on peut convenir que la longueur totale de l'église a été portée de 18 à 28 mètres et la largeur de la nef de 9 mètres à plus de 11 mètres par un nouveau déplacement du mur nord pour édifier la chapelle Saint Roch.

Après 1835, il ne semble pas que des travaux d'importance n'aient été engagés, sauf peut-être la construction de la petite sacristie à droite du chœur et des fonts baptismaux. Il est vrai qu'après le décès en 1847 du curé Lauge, sept prêtres se succédèrent à une cadence rapide dans la paroisse entre 1847 et 1870. Comme ils étaient les animateurs au conseil de fabrique, l'entretien et l'embellissement des bâtiments culturels s'en ressentirent.

Le choeur et l'autel de l'égliseAutour de 1873, le curé Théodore Damas, à son arrivée à Goulier s'alarme de l'état de l'église. Au conseil de fabrique du 2 février 1873, il est fait état d'un devis de réparation suite à un rapport d'expertise de l'architecte départemental Piquet.
Mais le 5 septembre 1875, jour de la communion solennelle, une partie de la voûte s'est écroulée devant le choeur sans faire de victime.
On se résoud donc à ressortir le rapport de l'architecte départemental qui estime que l'édifice est trop exigu en largeur, que la toiture menace ruine, que la voûte extrêmement basse et tombant en morceau constitue un danger pour les fidèles. Il recommande de prolonger la nef et de la rehausser, de consolider les murs fragilisés à leur base par des contreforts extérieurs. Le montant des travaux fut estimé à la somme considèrable de 30 000 francs.
Pour réaliser les travaux, le conseil de fabrique de 1875 propose d'abord d'établir des prestations de deux journées de travail par personne pour les habitants du village hommes et femmes agés de 18 à 40 ans et autant pour les bêtes de somme.
Les mineurs de Rancier extraireront à tour de rôle des voltes journalières de minerai pour leurs camarades qui seront employés en permanence sur le chantier de l'édifice. De plus, lors de leur dernier convoyage journalier de minerai à Cabre, les bêtes de somme seront chargées de chaux, de plâtre, briques et planches pour l'église. Une souscription sera réalisée auprès de la population, un emprunt sera fait et il sera demandé le concours de l'état.
En fait, les années passent sans que ce programme ne se réalise. Seulement, quelques maigres réparations concerneront la toiture.

En 1880, le nouveau curé Noël Picat, conscient des difficultés de financement pour réaliser le projet précédent, demande de nouveaux devis moins ambitieux au Sieur Joseph Palette qui était entrepreneur à Vicdessos.
On se résigne à ne pas agrandir la nef en raison de la baisse de la démographie. (La population passe de 1000 habitants en 1830 à 640 en 1890).
On se contente de rehausser l'édifice, mais par économie on renonce à construire des contreforts extérieurs pour consolider les assises. Cette négligence
obligera en 1972 de faire poser des tirans de renfort pour contrecarrer l'écartement des murs. La hauteur primitive de la nef est visible sur la façade sud : c'est celle de la toiture de la chapelle.
Les matériaux et la main d'oeuvre sont assurés comme le prévoyaient les décisions de 1875. Le conseil municipal de mai 1881, charge Joseph Palette des travaux pour une somme de 5670 francs. Les travaux seront achevés lors de l'année 1882, mais le rehaussement a été arrêté à l'entrée du coeur laissant celui-ci à ses dimensions antérieurs faute d'argent.

A partir du premier avril 1883, le conseil de fabrique se penche sur les réparations majeurs et urgentes qui doivent être faites. Les devis qui font suites à l'expertise de l'architecte départemental ne sont pas dans les moyens de la commune. On fait à nouveau appel à l'entrepreneur Joseph Palette pour 6000 francs de travaux. Le 24 mai 1883, une souscription est alors ouverte auprès de la population pour obtenir des fonds, du matériel, des services de transport et des journées de travail gratuites sous la responsabilité de l'entrepreneur. Il n'y a que treize versements en argent, mais la quasi totalité des familles du village participe. L'ensemble de la souscription est évaluée à 2012 francs.

Coté sud de l'édifice
La chaire
Coté sud de la chapelle Sainte blaise et les effigies de Sainte germaine, Jeanne d'arc, et Sainte Barbe la patronne des mineurs
Coté de la chapelle saint Roch avec l'effigie de Saint Antoine de Padoue et la chaire
.

Les travaux se terminent au printemps 1885 après avoir contracté un emprunt de 700 francs. Le choeur a été agrandi vers l'est et élargi, la sacristie est construite et aménagée avec cheminée et cabinet d'aisance. Mais le crépissage extérieur des murs n'a pu être réalisé et le clocher est resté inchangé.
Théophile Cazajus, jeune artiste décorateur originaire de Saverdun qui habitait Vicdessos, se charge de la décoration de la voûte et des murs. Le sanctuaire sera richement et artistiquement décoré à l'or et à la peinture à l'huile pour 450 francs.
Quinze années plus tard, le curé Pinat prend l'initiative de faire faire les plans et devis du clocher à un dessinateur principal des chemins de fer de Béziers originaire de Goulier. Mais son projet un peu trop farfelu est abandonné.
En juillet et août 1900, les délibérations du conseil municipal et de fabrique insistent sur l'urgence des travaux à entreprendre afin que le clocher ne tombe en ruine.
En février 1902, l'architecte départemental Robert Roger soumet le projet du clocher actuel qui sera accepté par le conseil municipal pour 6624 francs avec le crépissage des murs extérieurs.
En 1904, les travaux sont confié à Bernard Pychenier de Vicdessos. Mais le conseil municipal refuse de réceptionner les travaux pour non conformité. Les travaux furent terminés à la suite d'une transaction à l'amiable avec la mise en place de l'orloge en août 1908. Entre temps, la restauration du portail d'entrée est entrepris ainsi que la mise des vitraux.

C'est probablement au cours des travaux de 1885 qu'a été démoli le porche qui figurait sur le plan cadastral de 1832 où se tenaient encore les réunions des paroissiens à sortie de la messe et des vêpres.

Durant l'entre deux guerres autour de 1937/38, on réalise des travaux de mise hors d'eau.
Lors des années 60, la couverture du clocher est détériorée, des fissures importantes apparaissent au niveau de la voûte et de nombreuses gouttières agravent l'état de l'édifice.

A partir de 1972, le conseil municipal met en oeuvre deux campagnes de restauration générale. Il est entrepris la révision de la toiture, le chaînage des murs, la réfection de la toiture du clocher, le colmatage des fissures de la voûte, la mise hors d'eau des murs, la réfection de l'installation électrique, l'électrification du carillon et de l'orloge, la réfection des toitures de la chapelle Saint Roch et de la petite sacritie. Le programme se terminera en 1987 par la réfection compléte de la toiture de la nef.
Parallèlement, l'embellissement et la rénovation de l'intérieur de l'église sont réalisés grâce à une souscription permanente auprès des habitants du village et par le travail bénévole des paroissiens.

La tribune de l'édifice
La tribune de l'édifice avec le christ, les effigies de Sainte Thérése de l'enfant Jésus et Saint Antoine de Padoue sur la droite, entrée de l'église au fond à gauche

 


 Retour haut de page/Retour Goulier/Retour Accueil/